Îlot Saint-Germain

Sommaire

Bd Saint Germain Rue Saint Dominique
8 rue Saint Dominique rue de l'Université
rue de l'Université Tour de l'Horloge
square Jacques Bainville 231 Bd Saint Germain
Batiment central 2003 Restes du cloître de l'ancien couvent
Porte d'entrée du 231 Bd Saint Germain
Cour Central
Cour nord 1999 Cour Nord 2004
La cour nord vue de la cour des archives

Le percement du boulevard Saint-Germain
et la construction des nouveaux bâtiments sur le boulevard (1867-1877)

Un décret impérial du 28 juillet 1866 déclare d’utilité publique le prolongement du boulevard Saint-Germain entre le boulevard Saint‑Michel et le quai d’Orsay.

Le percement du boulevard Saint-Germain oblige à détruire l’hôtel d’Estrées et entame l’hôtel d’Agenois, rue de l’Université, qui abritaient alors des services du ministère de la guerre.

Le plan ci-dessous reproduit en pointillé l’axe futur du boulevard Saint-Germain, qui traverse le ministère de la guerre.

Plan du 7ème arrondissement de Paris en 1861

La construction du nouveau bâtiment sur le boulevard Saint-Germain et de sa tour à deux cadrans située au croisement du boulevard et de la toute nouvelle rue de Solférino est relatée dans les journaux.

« NOUVELLE FAÇADE DU MINISTERE DE LA GUERRE ».

« Cette façade se trouve appartenir à cette partie du ministère qui est consacrée au service du dépôt de la guerre ».

« En 1867, les travaux furent confiés à M. Bouchot, architecte du Gouvernement, et furent continués sans interruption jusqu’en 1870. La guerre et l’insurrection de la Commune laissèrent en suspens les travaux qui furent repris à la fin de 1871, et continués depuis sans nouvelle interruption ».

« Aujourd’hui, la façade sur le boulevard Saint-Germain est terminée, et les travaux d’installations intérieures pour les bureaux correspondants sont achevés. On se prépare à entreprendre de nouveaux travaux pour cette partie du ministère, voisine de celle dont nous venons de parler, et qui se trouve en façade sur le tronçon ancien de la rue de l’Université. Ces travaux concernent l’installation du dépôt des cartes et des plans ainsi que des imprimeries et des ateliers de photographie ».

« Le total des crédits successifs annuels, dépensés jusqu’à ce jour, pour la nouvelle façade, se monte à 2,400,000 fr. en chiffre rond ».

« Le problème que s’est posé l’architecte consistait à donner à la façade un caractère monumental, tout en conservant aux intérieurs la sobriété que comporte leur destination. Cette façade comprend un pavillon central, où se trouve la porte principale, et deux ailes flanquées de deux pavillons rappelant celui du centre. Pour souder la façade monumentale avec celle de la rue de Solférino (ces deux façades forment un angle très-obtus), l’architecte a elévé une tour richement décorée, dont nous donnons le dessin, et qui reçoit deux cadrans de très-grand diamètre formant le motif principal de la décoration ; nous supposons qu’ils sont destinés à marquer ce qu’on appelle l’heure militaire. G.F. ».

« MONUMENTS DE PARIS – HOTEL DU MINISTERE DE LA GUERRE ».

« Le percement du boulevard St.-Germain a été incontestablement un des travaux les plus importants exécutés sous l’Empire dans la capitale de la France. Lors de l’achèvement de ce Boulevard, le Gouvernement chargea un de ses architectes, M. Bouchot, de doter d’une nouvelle façade le Ministère de la Guerre. Les travaux, interrompus à cause du siège et de la Commune, n'ont été achevés que dans ces dernières années ».

« Les deux façades, ‑ l’ancienne de la rue Solférino et la nouvelle du Boulevard St.-Germain – formant un angle obtus, l’architecte s’aventura hardiment à élever un pavillon central qui s’harmonise admirablement avec le reste, et sur le fronton duquel est assise, au centre, une figure allégorique de la France, avec deux lions reposant à ses pieds ; au-dessus du portique est une tête d’Hercule finement sculptée. Chaque fenêtre du premier étage est surmontée de têtes sculptées représentant des héros mythologiques. – Le pavillon central est flanqué de deux autres pavillons, mais moins richement décorés ».

« La somme totale consacrée à ce superbe monument est de 2,400,000 francs ».

« LE MINISTÈRE DE LA GUERRE »

« Le percement du boulevard Saint-Germain a été incontestablement un des travaux les plus importants qu'ait entrepris la ville de Paris, et, dans quelques mois, ce boulevard formera une ligne droite, de la halle aux vins au pont de la Concorde. Lors de l’achèvement du tronçon compris entre ce pont et la rue de Solférino, le gouvernement chargea un de ses architectes, M. Bouchot, de doter d’une nouvelle façade le ministère de la Guerre. Les travaux, interrompus à cause du siège et de la Commune, n'ont été achevés que dans le commencement de 1874. L'architecte se trouvait en présence d'une grande difficulté, à cause de l'étendue des bâtiments à construire. En effet, le terrain présentait une ligne n'ayant pas moins de 440 mètres de longueur. M. Bouchot a surmonté la difficulté avec beaucoup d'habileté. Il a divisé la ligne en trois parties principales : un avant-corps central et deux pavillons extrêmes. Sur la gauche est la tour de l'horloge, haute de près de 80 mètres, et ainsi nommée à cause des cadrans qui couvrent ses façades septentrionale et orientale. Cette tour se relie au pavillon voisin par une aile dont la disposition en retrait allège les lignés voisines. Sur le fronton du pavillon central on a posé une figure allégorique de la France avec deux lions reposant à ses pieds. Les deux pavillons, avec leurs riches fenêtres, leurs larges balcons à balustrades de pierre sont aussi d'un très bel effet. L'entrée principale s'ouvre dans le pavillon du centre, sous lequel se trouve un large vestibule donnant accès dans la cour des archives. Sous ce vestibule se trouvent deux grands escaliers. Ainsi que nos lecteurs peuvent en juger par la gravure mise sous leurs yeux, l'aspect de la nouvelle façade du ministère de la Guerre ne manque pas d'un certain pittoresque ; l'architecte a voulu éviter le convenu et le monotone, et il nous paraît avoir réussi. La somme totale qui a été consacrée à ce monument est de deux millions quatre cent mille francs. CHARLES MURATO ».

« LE MINISTERE DE LA GUERRE : NOUVELLE FAÇADE SUR LE BOULEVARD SAINT-GERMAIN »

« Le ministère de la guerre occupait autrefois tout un pâté de bâtiments compris entre la rue Saint-Dominique-Saint-Germain et la rue de l’Université, au midi et au Nord, entre les rues de Bellechasse et de Bourgogne, au levant et au couchant. Sa façade principale était sur la rue Saint-Dominique. Le percement du boulevard Saint-Germain est venu prendre ce pâté en écharpe, et enlever l’angle formé par la rue de Bellechasse et la rue de l’Université. De là la nécessité d’une façade nouvelle sur le boulevard. Elevée d’après les dessins et par les soins du génie militaire, elle est bien construite ; mais empreinte d’une certaine raideur. Les ornements qui la décorent ne sont pas toujours non plus du meilleur goût. On sent enfin, comme dans toutes les œuvres architecturales du génie, du reste, qu’on a affaire à de savants géomètres plutôt qu’à des artistes. La nouvelle façade du ministère de la guerre n’en a pas moins un grand air. Elle fait bonne figure sur cette voie récemment complétée et devenue déjà une des artères les plus actives de Paris ».

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Le journal « L’Illustration » raconte en 1874 le fonctionnement interne du ministère de la guerre.

« LE MINISTERE DE LA GUERRE ».

« C’est à l’époque de la Révolution française que le ministère de la guerre, autrefois à Versailles, a été transporté dans le local qu’il occupe actuellement, qui était alors un couvent des Dames de Saint-Joseph, devenu propriété nationale. Les bureaux occupent un ensemble de bâtiments vieux et laids pour la plupart, incommodes qui prennent jour sur la rue Saint-Dominique et sur plusieurs grandes cours. Des additions nouvelles ont été faites dans ces dernières années sur la place Saint-Clotilde, mais l’ensemble réellement moderne des constructions se compose du grand bâtiment des archives, de ceux de la bibliothèque et du Dépôt des fortifications, que cachent la grande et magistrale façade édifiée en bordure sur le boulevard Saint-Germain ».

« Ces nouvelles constructions remplacent l’ancien hôtel du Dépôt de la guerre, celui du maréchal Soult et les jardins de ce dernier, démolis et abattus il y a cinq ans pour livrer passage au boulevard ».

« L’architecte, M. Bouchot, à l’obligeance de qui nous avons dû de pouvoir mettre cette façade sous les yeux de nos lecteurs, a surmonté avec une grande habileté la difficulté que présentait l’étendue des bâtiments à construire. Cette ligne, longue de plus de 140 mètres, a été divisée en trois parties principales : un avant-corps central et deux pavillons extrêmes. Sur la gauche est la tour de l’horloge, haute de 28 à 29 mètres, du haut de laquelle on embrasse le magnifique panorama de Paris, et ainsi nommée à cause des cadrans, d’un diamètre de 3 mètres, à chiffres et aiguilles dorés, qui couvrent ses façades septentrionale et orientale ; enfin cette tour se relie au pavillon voisin par une aile dont la disposition en retrait allège les lignes voisines. L’entrée principale s’ouvre dans le pavillon du centre, sous lequel a été aménagé un large vestibule donnant accès dans la cour des archives. C’est sous ce vestibule que se trouvent deux grands escaliers par lesquels on monte aux étages supérieurs, dans lesquels s’installeront les importants services aujourd’hui dispersés ou relégués dans l’ancien hôtel de Chabrillan, rue de l’Université ».

« L’entresol est réservé aux archives historiques, aux magasins des cartes, aux divers bureaux dits de traduction, de statistique, où se conservent tous les documents sur l’état et les forces militaires des puissances étrangères. Les salles du premier étage, dans lesquelles le maréchal Niel avait voulu faire réunir les nombreuses aquarelles de batailles et de combats que possède le Dépôt de la guerre, doivent être consacrées aux comités permanents des différentes armes, infanterie, cavalerie, fortifications, artillerie, etc., et aux commissions temporaires. Quant à l’étage supérieur, avec mansardes, sa destination n’est pas encore arrêtée ».

« Dans la tour se trouve un réservoir contenant 25 000 litres d’eau ; sur la plate-forme le mécanisme de sonnerie de l’horloge ».

« Ainsi que nos lecteurs peuvent en juger par les gravures mises sous leurs yeux, l’aspect de la nouvelle façade du ministère de la guerre, bien que noble et sévère, ne manque pas d’un certain pittoresque, grâce à ses hautes toitures à la française heureusement variées, à ses mansardes, à ses riches fenêtres, aux larges balcons à balustrades de pierre et à riches consoles ; enfin à cette tour avec une tourelle qui se détache distinctement sur le ciel et masque la jonction des anciens bâtiments avec les nouveaux ; l’architecte a voulu éviter le convenu et le monotone, et il nous paraît avoir habilement réussi ».

« Les frontons sculptés des trois pavillons, comme les bas-reliefs encadrant la porte principale, rappellent naturellement et sans effort la destination de l’édifice, comme la séparation des étages, leur différence de hauteur indique les dispositions intérieures ».

« L’aspect ne révèle pas un monument ; mais, à première vue, on comprend que l’on a sous les yeux un édifice public dans lequel sont installés d’importants services ».

« Maintenant, si nos lecteurs veulent bien nous suivre, nous allons pénétrer avec eux dans le Saint des saints, dans ces bureaux d’où le public est formellement exclu, où d’ailleurs l’étranger risquerait fort de s’égarer, sans pouvoir revoir jamais la lumière, s’il se risquait sans guide dans cet inextricable dédale de cours, grandes et petites, de corridors, d’escaliers dérobés, de couloirs, d’antichambres, etc. ».

« L’administration de la guerre a pour chef le ministre, qui ne relève que du souverain, roi, empereur ou président ; il est, en réalité, le chef de l’armée ; ordinairement choisi parmi les officiers généraux les plus en renom, sa valeur personnelle ajoute à l’autorité absolue qu’il tient de sa position, autorité nécessaire pour être obéi toujours, discuté jamais ».

« Auprès du ministre se meut l’état-major général, à la tête du quel est un officier général en même temps chef du cabinet. Cet officier est en quelque sorte le secrétaire du ministre ; il est secondé par les aides de camp, les officiers d’ordonnance et quelques commis civils. Le cabinet est l’âme du ministère ; c’est là qu’on reçoit les dépêches, qu’on les ouvre, qu’on les sépare : les unes, pour être mises sous les yeux du ministre, qui les réserve ou les annote, tandis que les autres, le plus grand nombre, sont timbrées, datées, enregistrées et dirigées sur les directions générales. C’est au cabinet du ministre que parviennent toutes les dépêches télégraphiques écrites soit en clair ou langage ordinaire, soit en chiffres, dont le chef du cabinet a la clef. Le dépôt de la guerre, les archives historiques, les ateliers de confection et de gravure des cartes, etc., relèvent également de l’état-major ».

« Les directions générales sont au nombre de trois : la direction générale du personnel, celle des services administratifs et la direction du contrôle et de la comptabilité. L’artillerie et le génie forment deux services particuliers rattachés à la direction du personnel. A la tête des directions générales se trouvent les directeurs, tous officiers généraux ; l’un d’eux, celui du contrôle et de la comptabilité, est en outre conseiller d’Etat. Tous les matins, de très-bonne heure, les directeurs se réunissent dans le cabinet du ministre pour lui soumettre les affaires, lui donner les dépêches à signer, pour connaître ses intentions, recevoir ses ordres, et en même temps se concerter entre eux ».

« Chaque direction se subdivise en services avec chefs militaires ou civils, et chaque service comprend un nombre variable de bureaux, à la tête desquels se trouve un chef de bureau et un ou plusieurs sous-chefs ».

« C’est le bureau qui est la véritable unité administrative ; c’est là que la dépêche reçue par le cabinet arrive, après avoir passé entre les mains des directeurs généraux et chefs de services : elle n’ira pas plus loin. Les bureaux de la guerre sont au nombre de vingt, désignés chacun par ses attributions spéciales : ainsi il y a le bureau de l’infanterie, celui de la cavalerie, de la solde, de l’artillerie, des subsistances, du génie, etc., qui traitent exclusivement les affaires afférentes à l’infanterie, la cavalerie, la solde, etc., et possèdent, renfermés dans des cartons poudreux, une masse énorme de documents de tous genres qui leur permettent de répondre à toutes questions, qu’elles viennent du ministre, du personnel de l’armée ou du dehors ».

« Si le bureau est l’unité administrative, le commis est l’unité personnelle ».

« Les commis de la guerre se divisent en trois classes : les commis principaux, les commis ordinaires et les auxiliaires. Ces derniers sont : ou des stagiaires qui attendent une vacance de commis ou d’anciens commis retraités. Les uns et les autres sont généralement employés aux travaux de copie et de classement. Les commis ordinaires sont les adjoints des commis principaux. Ceux-ci, chargés en premier ressort de traiter les affaires, font application des lois, des règlements ou des décisions ministérielles, rédigent en minute les rapports et les lettres, établissent les comptes, sont chargés de l’état du personnel militaire, exécutent les ordres du ministre, répondent aux questions journellement faites par les intendances, les conseils d’administration des corps de troupe, le personnel divisionnaire, les administrations publiques, les particuliers, etc. ».

« En un mot, si le ministre est le ressort qui imprime le mouvement, le commis principal est le balancier qui le reçoit et le régularise. Les intermédiaires, quel que soit leur rang, suivent cette double impulsion ; en d’autres termes, le ministre est la volonté nécessairement changeante ; le commis est la loi immuable ».

« Ainsi donc, la dépêche adressée au ministre est descendue du sommet au dernier échelon, le commis principal, celui qu’en argot du ministère de la guerre on appelle le chef ou chargé de détail. Traitée tout d’abord en minute, la réponse, rapport au ministre, circulaire ou lettre, est visée par le sous-chef, qui la retouche ; le chef de bureau, qui la voit à son tour, généralement la modifie ; copiée par l’expéditionnaire, elle est revue par l’auteur, le sous-chef, le chef du bureau, soumise au chef de service qui peut tout faire recommencer ».

« Si elle subit sans encombre cette première série d’épreuves, elle parvient au directeur général, à qui elle peut déplaire, et alors la renvoie au bureau. Dans le cas contraire, il la signe ou bien la réserve pour la signature du ministre. Chez le ministre, mêmes péripéties probables : l’affaire, qui a traversé sans encombre tant d’écueils semés sur son chemin, peut parfaitement échouer au port ».

« Dans ce cas, la même série d’opérations recommence. Telle est l’odyssée d’une réponse faite ou d’un ordre ministériel transmis. Si l’affaire a nécessité un rapport que le ministre a annoté ou dont il a approuvé les conclusions, le bureau prescrit les mesures nécessaires pour la mise à exécution. Si c’est une lettre, elle revient au bureau d’origine, où elle est enregistrée, mise sous enveloppe, tandis que le dossier et la minute sont conservés et classés dans les cartons ».

« Tel est en aperçu le mécanisme qui règle la marche du travail dans les bureaux de la guerre, mécanisme vieillot, qui n’a guère varié depuis Louis XIV, un peu lent, mais qui fonctionne avec une régularité telle, que l’on a toujours hésité à le modifier. Il est combiné de telle sorte que les affaires dites courantes s’exécutent au jour le jour, qu’une réponse quelconque, mais toujours écrite et gratuite, est faite à tout correspondant ; grâce à un système ingénieux de contrôle, il est bien difficile qu’une dépêche s’égare ou que, soit fortuitement, soit avec intention, un employé puisse la glisser dans le carton aux oublis, tant célébré par les romanciers ».

« Si notre lecteur n’est pas fatigué de tous ces détails, nous ajouterons que, bon an mal an, le ministère de la guerre reçoit du dehors de cinq à six cent mille dépêches, sans compter un nombre quatre ou cinq fois plus considérable de pièces de comptabilité ; que son budget particulier (1874) est de 2 999 680 francs, dont 1 979 350 pour le personnel, 269 330 pour les dépenses particulières du dépôt de la guerre, et 751 000 pour le matériel et les impressions ».

« Le nombre des personnes qui émargent à ce budget est d’environ sept cents, du ministre au dernier homme de service. Le ministre reçoit soixante mille francs ; le chef d’état-major général vingt mille francs ; les trois directeurs généraux vingt-cinq mille ; les chefs de service, douze mille francs ; les chefs de bureau de sept à neuf mille francs ; les sous-chefs de cinq à six mille francs ; les commis principaux de trois à quatre mille francs ; les commis ordinaires de dix-huit cents à deux mille sept cents francs ; les auxiliaires quinze cents francs ; les agents de service, de trois francs par jour à dix-sept cents francs par an, suivant le grade et l’emploi ».

« Les agents se recrutent parmi les anciens militaires, les commis parmi les bacheliers ès lettres ou ès sciences qui ont subi les épreuves d’un concours public. Les commis principaux constituent la pépinière des sous-chefs ; ceux-ci peuvent devenir chefs de bureau et un seul parmi ces derniers peut devenir chef de service ».
« Une seule place de chef de service à dix mille francs d’appointements est donc le bâton de maréchal qui miroite aux yeux du jeune auxiliaire à quinze cents francs. Tous les autres emplois sont dévolus à des officiers généraux ».

« Un bureau spécial préside à l’organisation de ce vaste personnel, c’est le bureau du service intérieur, véritable majordome, intendant, ministre de l’intérieur du ministère, qui recrute et contrôle le personnel, est chargé des impressions et des fournitures, veille à l’entretien des bâtiments et de l’ameublement. Ce qu’on appelle le mobilier est un mélange unique de tous les styles et de tous les âges ; à peine deux sièges ou deux tables se ressemblent-ils ; tandis que dans quelque coin se cachent depuis près d’un siècle d’admirables pièces des règnes de Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, à peu près partout s’étalent en pleine lumière des meubles informes, bizarres, hideux, tant ils ont été réparés, rapiécés, repeints, etc. Le conservateur de ce mobilier est ‑ qu’il nous pardonne cette irrévérence – l’une des curiosités du ministère de la guerre. Entré sous le premier empire, il a religieusement mis en magasin les bustes de tous les gouvernants qui ont dominé à la tête de la France, depuis Napoléon Ier jusqu’à M. Thiers. Chaque changement de gouvernement le désespère, parce qu’il devient pour son budget la source d’une dépense nouvelle. En 1870, il a pu ramener à la lumière le buste de la déesse de 1848… Triomphe du classement et de l’économie !... ».

Le percement du boulevard Saint-Germain et la construction du bâtiment sur le boulevard modifie la physionomie du ministère de la guerre et lui confère sa forme actuelle, tel que cela apparaît au cadastre de la Ville de Paris, à la fin du XIXème siècle.

Le ministère a, dès cette époque, l’allure d’une enceinte fermée, cernée par 4 rues : la rue Saint-Dominique, la rue de Solférino (dont le tronçon situé aux abords du ministère deviendra plus tard la place Jacques Bainville), le boulevard Saint‑Germain et la rue de l’Université.

Un décret du 9 juillet 1901 relatif aux logements concédés à l’intérieur du ministère de la guerre rend compte de cette nouvelle géographie du ministère 

« LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE FRANÇAISE,

Sur le rapport du Ministre de la guerre,
Vu l'article 56 de la loi de finances du 25 février 1901,

DÉCRÈTE :

Art. 1er. En raison des nécessités du service, sont maintenues les concessions de logement faites à titre gratuit, dans les bâtiments domaniaux affectés à l'hôtel du ministère de la guerre, aux fonctionnaires et agents civils indiqués dans le tableau ci-après :

Localités où sont situés les bâtiments de l’Etat : Paris. Ministère de la guerre – Rue de l’Université, boulevard Saint-Germain, rue de Solférino et rue Saint-Dominique »

Le fameux photographe Adolphe Giraudon a photographié le ministère de la guerre, probablement au début du 20ème siècle.

Evocation littéraire

 

En 1893, Georges Courteline publie un roman consacré à l’administration, « Messieurs-les-Ronds-de-cuir », dont les premières lignes évoquent les nouveaux bâtiments du ministère de la guerre, sur le boulevard Saint-Germain :

« A l’angle du boulevard Saint‑Germain et de la rue de Solférino, (…) l’énorme horloge du Ministère de la Guerre sonnait la demie de deux heures ».